2 - Navigations 2012-2015 sur "Maguelonne" Biloup 89 ...

La Croisière du Haddock  (et du Single Malt)

- Angleterre, Pays de Galles, Ile de Man, Ecosse, Irlande

- Hivernages en Ecosse (Largs puis Oban) et en Irlande (Galway)

- Un canal de liaison pittoresque en Ecosse (le Canal de Crinan)

- Des côtes spectaculaires tout le long du parcours

- Des escales très variées et toujours extrêmement agréables

- Une seule navigation de nuit, du sud de l'Irlande vers les Scilly

- Deux traversées de la Manche, en journée

- De nombreuses escales îliennes : Guernesey, les Scilly, Man, de nombreuses îles écossaises, les îles de la côte ouest irlandaise

- De belles escales urbaines : Saint-Pierre-Port sur Guernesey, Douglas sur l'Ile de Man, Derry, Galway, Dingle

- Quelques îles inoubliables : toutes les îles visitées mais surtout les Scilly, Skye, Inishbofin (Aran)

- Quelques sites historiques : le lieu d'origine de l'hymne Amazing Grace, Derry, les tentatives de débarquement français dans les îles britanniques (1795-1799), le site du naufrage du Lusitania

- Quelques châteaux écossais, quelquefois en ruines

- Quelques sites nautiques emblématiques : toujours les Scilly, le Firth of Clyde, le Fastnet, Penzance, Plymouth

- De nombreux estuaires : Devon, Cornouailles, Irlande

- Une escale prolongée à Kahersiveen en raison d'un vent d'ouest persistant

- Le passage de Corryvreckan en Ecosse, le courant le plus rapide d'Europe et ses vagues stationnaires terrifiantes (ou un tapis roulant un peu agité)

- Un bon nombre de distilleries écossaises vues depuis le bateau

- Deux printemps assez ensoleillés en Ecosse

- Un fort effet de venturi au pied d'une falaise en Irlande, par vent de terre

Angleterre et Pays de Galles

Cherbourg et Guernesey sont incontournables pour qui veut se diriger depuis le Calvados vers le sud de l'Angleterre sans passer une nuit en mer. Quel que soit le temps, les marées imposent le tempo pour le passage de la Pointe de Barfleur et surtout du Raz Blanchard. Grandcamp et Saint-Vaast la Hougue sont des escales agréables entre Dives sur Mer et Cherbourg. J'aurai presque toujours trouvé des vagues stationnaires sur la crête qui prolonge la pointe de Barfleur mais le Raz Blanchard m'a souvent fait l'effet d'un tapis roulant (question de chance pour les uns, de patience pour les autres).

 

Belle traversée de Guernesey vers Weymouth, pas trop de cargos sur le rail, croisement facile et sans angoisse avec vent de travers et bonne visibilité.

 

Huit très belles escales entre Guernesey et les Scilly, une côte rocheuse et verdoyante tout le long du Devon puis de la Cornouaille : Weymouth, Dartmouth, Salcombe, Plymouth, Helford River, Newlyn. Les rias des nombreux fleuves côtiers sont des petits paradis nautiques mais leur approche peut être dantesque par mauvais temps (la Barre de l'Apocalypse à l'entrée de la Ria de Salcombe).

 

La capacité "amphibie" du Biloup nous permet un échouage au pied même du Mermaid, un des plus célèbres pubs de toute la côte britannique. Nous y restons amarrés deux ou trois jours car le vent assez fort qui s'est levé nous fait préférer les navettes à moteur pour affronter les courants et visiter les îles et îlots qui composent l'archipel. Jolies fermes, un château et son jardin botanique équatorial, un musée maritime, et un labyrinthe nautique dont je me réserve les plaisirs pour l'étape du retour.

 

Il est temps de commencer la navigation en direction du nord. La remontée de la Mer d'Irlande exige rigueur et souplesse. J'y trouverai des conditions variées avec des escales prolongées à Padstow (Cornouailles), Fishguard et enfin sur l'Ile de Man. Au total 420 milles entre les Scilly et Man avec un total de 12 escales en Cornouailles et au Pays de Galles, toutes dans des sites magnifiques, autant pour le charme des ports que pour la beauté des côtes et des campagnes environnantes.

L'Ile de Man et l'Ecosse

Traversée assez longue (57 milles) mais facile de Conwy vers Douglas, principal port de l'Ile de Man.

 

Nous aurons auparavant contourné la Pointe d'Aberdaron et franchi le détroit entre Anglesey et la mainland, et ce après un mouillage forain sur fond des montagnes du Snowdonia Park devant la plage de Portdinllaen ; parcours nautique varié, synchronisation rigoureuse à effectuer avec les courants, temps calme à l'entrée du détroit, assez fort vent à la sortie imposant un louvoyage sous voilure réduite jusqu'à la forteresse de Caernarfon, haut lieu de la tradition royale en Pays de Galles.

 

Nous restons assez longtemps à Douglas en raison d'un vent assez fort, le temps de visiter l'île de long en large grâce à son excellent réseau de bus. Paysages verdoyants, côtes découpées, petite ville très british avec ses innombrables pubs, quelques bateaux pittoresques dans les ports.

 

Dès que le temps le permet, et après le départ de mon équipier, je vais "beacher" à la pointe nord de l'île pour entreprendre le lendemain matin la traversée vers l'Ecosse (27 milles), avec un vent et une mer apaisées, permettant un très beau mouillage forain devant East Tarbet.

 

Deux autres escales écossaises (port de pêche de Girvan, Lamlash Bay sur l'île d'Arran) me permettent d'atteindre Largs, ancien site de l'archi-célèbre chantier Fife et porte d'entrée du non moins célèbre Firth of Clyde, haut lieu du nautisme écossais.

 

Je prépare le bateau pour l'hivernage sur un centre nautique installé sur une ancienne base de l'OTAN.

Un printemps ensoleillé en Ecosse

Je quitte en solo le site d'hivernage de Largs en direction des Hébrides Intérieures par le canal de Crinan. La petite dizaine d'écluses se franchissent en une demi-journée grâce à l'aide d'éclusiers athlétiques, certaines des portes se manoeuvrant à l'ancienne à l'aide de madriers de bois. Paisible paysage de landes autour de ce court canal pittoresque et tortueux qui relie le Firth of Clyde et la Mer du Nord et permet d'éviter le contournement du Mull of Kintyre (une péninsule d'environ 25 milles de longueur) et le passage souvent délicat du détroit séparant l'Ecosse du nord de l'Irlande.

 

J'aurai en une trentaine de jours de navigation l'occasion de visiter un assez grand nombre des îles composant la partie nord des Hébrides intérieures. Première escale incontournable : Oban, carrefour des ferrys, site touristique victorien, célèbre également par sa distillerie, et dont la marina se trouve sur l'îlot de Kerrara, occupé seulement par une ou deux fermes et un chantier nautique. Superbes points de vue sur les sommets de l'île de Mull, les phares et le château surplombant le Sound of Mull.

 

J'enchaîne de nombreuses escales et quelques mouillages forains :

- sur Mull, le port coloré de Tobermory, la paisible baie de Calgary (faveur exceptionnelle d'Eole pour mon passage), un mouillage dans un site un peu trop chargé d'algues à Gometra,

- les petites îles de Coll, Muck, Eigg, Rum et Tiree ; je croise un Biloup 36 à la sortie de Muck où j'ai beaché pour nettoyer les algues accrochées à Gometra,

- les îles Treshnish et leurs colonies d'oiseaux de mer, chance exceptionnelle de pouvoir y débarquer,

- un coup d'oeil sur le site de Staffa et ses colonnes basaltiques qui ont inspiré Mendelssohn et Julles Verne,

- remontée vers la mythique et très scénique île de Skye, escales à Mallaig, Arisaig, Kyle of Lochalsh,

- escales dans les deux ports principaux de Skye, Portree et Plockton et sur Rona, toute petite île appartenant à la couronne d'Angleterre (pas vraiment accueillante et infestée de midges...).

 

Retour vers Oban pour l'hivernage du bateau sur un ancien site d'extraction de soude à partir des algues au fond du Loch de Creran. Très beau parcours en direction du sud avec quelques sites emblématiques :

- le Eilean Donan Castle sur un îlot rocheux du Loch Torridon, probablement un des sites les plus photographiés d'Ecosse (bien que reconstruit seulement en 1932),

- un beachage "photogénique" au pied d'un château en ruines au fond du Loch Moidart,

- escales à Iona, haut lieu du christianisme écossais, Colonsay, Easdale, étonnante mine d'ardoise,

- le passage de Corryvreckan, au nord de Jura, un des courants les plus rapides d'Europe, célèbre pour ses vagues stationnaires monstrueuses (Le Cercle celtique de Bjorn Larsson)

- une nouvelle escale à Tobermory et Oban, petites villes portuaires dont on ne se lasse pas,

- la rencontre à Ardfern d'amis de cinquante ans arrivés d'Arcachon sur leur Dufour 38,

- deux jours de navigation de conserve et d'amarrage à couple avec un superbe Oyster 60 abritant une sympathique colonie d'adolescents et leurs trois moniteurs.

De Oban à Galway, le nord-ouest de l'Irlande

Remise à l'eau du bateau à Barcaldine et nouvelle escale à Oban, après une navigation d'une quinzaine de milles. Bel enchaînement de louvoyages dans le Loch Creran entre des crêtes montagneuses saupoudrées de neige par des averses nocturnes. Le beau temps printanier ensoleillé qui m'avait accompagné la saison précédente semble être de nouveau au rendez-vous.

 

Descente rapide par beau vent portant jusqu'à Islay, la plus sud des Hébrides intérieures. Escales à Easdale puis à Jura en face de la distillerie, où j'ai la surprise d'avoir comme voisin de mouillage David Rainsbury sur son Vancouver 27, l'auteur du guide Imray de la Mer d'Irlande, qui m'avait été bien utile deux saisons auparavant. L'arrivée sur Port Ellen, un des ports principaux d'Islay donne l'occasion de photographier deux ou trois distilleries de bord de mer.

 

Traversée facile (un tiers spi, deux tiers moteur) d'un passage souvent délicat entre Islay et Ballicastle en Irlande du Nord. Deux escales avant d'arriver à Derry, après successivement une vue superbe sur la Chaussée des Géants et la remontée de l'estuaire de la Foyle. Le bateau restera amarré quelques jours dans le port de Derry, à l'endroit même ou une multitude de U-Boots allemands de la Mer du Nord s'étaient alignés à couple dans un ordre très anglo-saxon le 9 mai 1945. Les façades ornées de fresques à Derry et de Belfast sont un témoignage poignant des affrontements qui ont ensanglanté cette région à la fin du 20ème siècle.

 

De Londonderry à la pointe nord-ouest de l'Irlande (Tory Island puis Arranmore Island), c'est le début d'un parcours superbe le long de la côte ouest de ce pays. Mon livre de bord indique une moyenne d'environ 70% du parcours réalisé à la voile sur les 370 milles qui séparent Londonderry de Galway. Un seul moment difficile : un assez violent effet de venturi au pied de la falaise abrupte de Achill Head m'obligeant à rester plusieurs heures à l'abri de cette même falaise par vent de terre.

 

J'ai multiplié les escales îliennes au cours de ce parcours, après Tory et Arranmore, ce seront Inishbofin, avec un agréable beachage sur une plage de sable parfaitement abritée à proximité du port, et surtout la très mythique Aran/Inishmore (celle du très célèbre Homme d'Aran cette fois, ses falaises, la dureté de son environnement et ses innombrables murs de pierres sèches). Belle zone de mouillage à Kilronan sur Inishmore.

 

Belles escales également sur le mainland irlandais : Killybegs un important port de pêche abritant de spectaculaires chalutiers de haute mer, Killala, proche de la petite ville de Ballina que je trouve décorée de drapeaux français commémorant le débarquement des troupes républicaines du Général Humbert en 1798. Semblables tentatives françaises de débarquement ont également laissé des souvenirs à Fishguard au Pays de Galles et à Bantry Bay (Hoche, 1796).

 

Autres belles escales : Leenane, au fond du seul fjord irlandais, Clifden, jolie station estivale et porte de la Sky Road et ses superbes panoramas de landes

et de mer.

 

Traversée facile d'Inishmore vers Galway, capitale du Connemara. Confortable marina dans le port, à proximité immédiate des ses célèbres pubs et de l'ambiance authentique d'une ville fière de ses traditions. Le bateau passera l'hiver sur un chantier nautique proche.

 

De Galway au Calvados par les Scilly

Remise à l'eau du bateau à Galway par vent de face exactement dans l'axe de la cale. Un bon coup de marche arrière permet de déhaler le bateau à quelques dizaines de centimètres de la paroi. Long bord de près sous deuxième ris appuyé par le moteur pour rejoindre la baie d'Inishbofin sur l'Ile d'Aran.

 

Il faudra deux bonnes semaines pour atteindre la pointe sud-ouest de l'Irlande à Crookhaven, à proximité immédiate du Fastnet Rock, soit une distance totale parcourue de seulement 235 milles. Un flux d'ouest assez fort entraînera une attente assez longue à Caherciveen, après deux escales et une traversée de plus de 60 milles le long d'une côte accore entre Aran et un mouillage à Smerwick Harbour (site sauvage mais très bien protégé de la houle). Belle escale dans la petite ville pittoresque de Dingle. Nombreuses randonnées pédestres dans la très verte campagne du Kerry et vers l'Ile de Valentia. Les aléas météorologiques ont assez fortement perturbé le programme établi avec deux équipiers irlandais recrutés par l'intermédiaire d'un site local et c'est en solo que j'ai effectué la majeure partie de ce parcours. Je rencontre une mer digne de l'Atlantique nord avec une belle houle et des creux de 2 à 3 mètres, à proximité de l'extraordinaire îlot granitique de Skellig Michael et son monastère taillé dans le roc.

 

Je retrouve un de mes équipages favoris à Glengariff au fond de Bantry Bay avant d'entamer le parcours de la côte sud irlandaise jusqu'à Kinsale et nous espérons bien sûr qu'un flux d'ouest nous permette d'effectuer cette dernière partie de la côte irlandaise par un beau vent portant estival. Malchance, c'est du nord-est que nous rencontrons et nous devons alterner louvoyages et moteur. Belles escales à Baltimore, qui garde le souvenir d'un raid de pirates mauresques ayant emmené en esclavage toute la population du village, puis à Courtmacsherry/Skibbereen, haut lieu parmi d'autres de l'émigration irlandaise. Près de Kinsale, c'est le souvenir du naufrage du Lusitania qui nous attend.

 

La traversée de Kinsale vers les Scilly (143 milles au total) s'effectue en 30 heures dans des conditions très favorables (deux assez longs bords sous spi, un peu de moteur, une assez courte nuit, une belle luminosité nocturne, quelques rares bancs de brouillard). Des conditions bien plus favorables qu'à l'aller permettent de bien profiter cette fois des capacités d'échouage du Biloup dans ce dédale d'îlots et de bancs de sable, d'abord à Bryher puis à Saint-Mary's.

 

Une nouvelle traversée un peu agitée par des vents et des courants croisés jusqu'à Newlyn, première escale en Cornouailles. Ensuite, s'enchaîne une série d'escales pittoresques sur les estuaires qui jalonnent la côte du Devon (Falmouth, Fowey, Yalm River, Kingsbridge, Salcombe), toutes différentes des escales effectuées trois ans auparavant lors du parcours aller.

 

Traversée de 84 milles entre Kinsale et Guernesey, démarrée au lever du jour par un beau vent de travers de force 6 et terminée péniblement au moteur avec un très fort courant contraire à l'arrivée sur Saint-Pierre-Port. Ensuite c'est un parcours déjà bien connu en direction de Dives sur Mer avec escales à Cherbourg et Port en Bessin.

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Commentaires: 2
  • #1

    Michel Lemonier (mardi, 26 mars 2019 18:18)

    Merci Didier. Superbe aventure !
    Amitiés
    Michel

  • #2

    DEZELLUS (mercredi, 26 août 2020 21:46)

    Didier
    Aventures extraordinaires et maitrise de la navigation qui me fait un peu pâlir d’envie J’espère recevoir beaucoup de ton expérience
    Amitiés
    Yves